
Passionnée par les mots et leur capacité à faire briller…
Il est chef étoilé, elle est tatoueuse professionnelle : le couple Damien Germanier et Amy Mymouse en fait rêver plus d’un.
Mariés depuis peu, ils forment un couple explosif et touchant.
Les tatouages apparents du Chef Damien Germanier cache une sensibilité que l’on retrouve dans les assiettes de son restaurant de Sion en Valais. Quant à ceux d’Amy Mymouse, artiste mondialement connue pour ses tatouages de poupées aux grands yeux, ils représentent une passion et un caractère bien trempé.
Nous avons rencontré ce couple aussi rock’n’roll que touchant, en toute intimité. C’est à La Maison Louche, le studio d’Amy Mymouse à Montreux, qu’ils nous ont ouvert les portes de leur quotidien. Une interview en toute simplicité et transparence, autour de leur rencontre, leur vie à deux en Suisse, leurs passions communes, leurs différences, mais aussi et surtout, leur magnifique complicité.

Comment vous êtes-vous rencontrés tous les deux ?
Amy : Je me trouvais à Montréal quand Damien m’a contactée pour se faire tatouer alors qu’il y était de passage. Mon agenda chargé ne m’a pas permis de le rencontrer sur place, mais comme le hasard fait bien les choses, nous nous sommes rendu compte que le studio de tatouage dans lequel je me rendais régulièrement en Suisse était celui qu’il avait l’habitude de fréquenter. J’ai finalement pu le tatouer en Suisse, mais il a dû faire preuve de beaucoup de patience avant de décrocher un rendez-vous (rires), surtout après avoir souffert durant plus de onze heures lorsque je lui ai tatoué la cuisse (rires). Il m’a invitée à manger dans son restaurant et, de fil en aiguille, nous nous sommes rapprochés.
Damien : Je lui ai fait découvrir le vin suisse aussi, ce qui a certainement dû aider (rires).
Amy, tu as donc tout quitté pour t’installer en Suisse avec Damien. Pas de regrets ?
Amy : J’avoue avoir quitté ma Belgique d’amour avec un gros pincement au cœur. J’aime tellement ce pays, même si je ne suis pas d’origine belge. Mais, il faut parfois savoir faire des sacrifices (rires). Je suis contente, la Suisse est incroyablement belle. À Montreux, on a l’impression d’être au bord de la mer en été et lors du Montreux Jazz Festival, c’est vraiment magique. Il y a des choses exceptionnelles ici que je n’ai jamais vues ailleurs et je m’y plais énormément. Et en Valais, on fait beaucoup la fête, ce qui n’est pas pour me déplaire (rires).
Si vous deviez vous décrire l’un l’autre quels seraient les trois mots que vous utiliseriez ?
Amy : Patience, beaucoup de tendresse et passion, bien sûr.
Damien : Tu mets la barre haut ! Je dirais artiste, passionnée et tendre aussi. Ce n’est pas le même modèle à la maison qu’au salon. Au boulot, c’est un tatoueur. Oui, oui, UN tatoueur, j’insiste. (rires)

Entre toi Damien, chef de ton propre restaurant, et toi Amy, tatoueuse qui voyage à travers le monde, comment conciliez-vous vos deux emplois du temps ?
Amy : C’est lui qui gère tout ! (rires).
Damien : Oui, elle a un bon secrétaire qui lui organise son agenda, compatible avec le mien. J’ai aussi adapté mes horaires : le matin je profite de passer du temps avec elle, et l’après-midi je m’occupe de mon administratif. On apprend aussi à prendre du temps pour soi.
Parlons de ton parcours, Amy. Comment as-tu démarré ta carrière dans le tatouage ?
Amy : Après être sortie d’une école de cinéma et d’animation de bandes dessinées, je voulais déjà être tatoueuse et trouver un apprentissage, mais le parcours a été long. À l’époque, il était difficile de trouver une place d’apprentissage dans un studio de tatouage, surtout en tant que femme. J’ai mis cinq ans à trouver une place. Il y avait beaucoup de tatoueurs qui attendaient de voir ce dont j’étais capable. Une pression que j’ai dû apprendre à gérer. J’ai donc énormément travaillé pour y arriver.
Damien, comment décrirais-tu l’art d’Amy ?
Damien : J’aime beaucoup. Comme ils disent au Japon, c’est un style Kawaii. C’est super mignon ! Après, il y a des dessins un peu plus gores. En tant que grand fan de BD, j’adore ce qu’elle fait. C’est très doux et poétique. Elle a son propre univers et les gens viennent des quatre coins du monde pour se faire tatouer par Amy.

Ce mélange de dessins, parfois doux et parfois plus dark, ne serait-il pas le reflet de la personnalité d’Amy ?
Damien : Oui, c’est assez fidèle, c’est son côté artiste qui ressort. Un jour, les dessins vont être très doux et le jour suivant ce sera des dessins plus torturés. Parfois, elle part vraiment dans tous les sens (rires).
Amy, qu’est-ce que Damien te cuisine le mieux ?
Amy : Comme je suis végétarienne, à son grand désespoir (rires), il me cuisine souvent des gratins ou des lasagnes de légumes. C’est toujours tellement bon ! Il ne mange par contre presque plus de viande à la maison.
Damien : Mais je me rattrape au travail ! La viande c’est ce que je fais de mieux, mais ça, elle ne le sait pas (rires).
Damien, comment peut-on qualifier ta cuisine ?
Damien : C’est toujours compliqué de qualifier sa propre cuisine, mais je dirais que c’est une cuisine proche du terroir et dans le respect du produit. Je fais toujours en sorte d’utiliser l’ingrédient dans son intégralité. Pour un légume par exemple, je vais travailler sa feuille et même sa pelure pour ne rien gâcher. J’aime aller trouver les pêcheurs au bord du lac le matin et leur demander ce qu’ils ont pour moi. Ensuite, c’est moi qui m’adapte aux produits.
Damien, tu as créé un véritable concept, Gastronom’Ink, autour de tes deux passions que sont la cuisine et le tatouage. Comment t’y es-tu pris ?
Damien : J’ai voulu démocratiser la haute cuisine. Je pense que l’image que l’on a de la gastronomie s’effrite gentiment. Actuellement, beaucoup de restaurants gastronomiques innovent pour proposer de nouveaux concepts culinaires. J’ai voulu sortir de cette ambiance parfois « pompeuse » et proposer quelque chose de différent, qui me ressemblait. J’ai fait le choix de travailler des produits peut-être moins luxueux, mais plus régionaux. Du côté de la salle, nous avons enlevé les nappes, ajouté des photos de tatouages sur les murs, et on passe de la musique rock. Amy m’a donné beaucoup de conseils avec son regard artistique. Mon but est que les clients s’y sentent bien, qu’ils soient comme à la maison.

Justement Amy, comment l’as-tu aidé dans ce renouveau ?
Amy : J’ai toujours fait preuve d’une grande franchise. Il faut dire que je n’ai absolument aucun filtre (rires). Je lui ai dit qu’avec sa sensibilité et cette poésie que l’on retrouve dans ses assiettes, et son côté rock’n’roll, fan de tatouages et de moto, il devait casser les codes, et s’éloigner de l’image d’un restaurant gastronomique étoilé traditionnel. Qu’il devait trouver un concept qui lui ressemblait davantage.
Damien, une deuxième étoile est-elle un objectif que tu vises ?
Damien : Oui, car je ne souhaite pas me reposer sur mes lauriers. Une deuxième étoile serait pour moi une grande récompense, surtout avec le parti pris décalé de mon restaurant. Elle serait une concrétisation que ce concept atypique a sa place dans le monde de la haute gastronomie.
Ta cuisine a-t-elle évolué depuis que tu as rencontré Amy ?
Damien : Oui en partie, en y incluant beaucoup plus de légumes, de poissons et de produits régionaux. J’y apportais déjà une grande importance, mais c’est vrai que depuis que je la connais, nous avons soigné nos plats végétariens au restaurant (rires).
D’où vient votre inspiration à l’un et à l’autre ?
Amy : Pour ma part, ce sont mes émotions qui sont la source de mon inspiration.
Damien : Les voyages m’inspirent énormément et comme Amy voyage beaucoup, j’essaie si possible de la rejoindre quelques jours. C’est de là que je vais ramener des idées et des influences.

Quel est votre pêché mignon à tous les deux ?
Amy : Moi, c’est artichaut vinaigrette ! Il m’a fait rêver tout l’été avec ça (rires).
Damien : Le Spritz, l’Italie !
Et en matière de vins suisses, lesquels préférez-vous ?
Amy : J’ai découvert le vin suisse grâce à Damien, et j’avoue que j’aime beaucoup !
Damien : J’aime tout particulièrement le blanc et surtout le Chasselas, qu’il soit vaudois ou valaisan. Je vous conseille le « Chemin de fer » de chez Luc Massy, et du côté des rouges le « Plant Robez » de chez Duboux à Epesses. C’est d’ailleurs ce vin que nous avions choisi pour notre mariage.
Restaurant Damien Germanier à Sion : www.damiengermanier.ch
La Maison Louche d’Amy Mymouse à Montreux : www.amymymouse.com
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Passionnée par les mots et leur capacité à faire briller des projets et des personnes, Mélina aime avoir la plume à la main. Entrepreneure dans l'âme, Economiste et Spécialiste en communication et en relations publiques, elle a fondé Socialize Network en 2012, co-dirige Socialize Magazine et a co-fondé sa propre agence Elitia Communication il y a bientôt 10 ans. Curieuse de nature, tous les sujets l'intéressent, à commencer par les belles histoires entrepreneuriales. Amatrice de l'art de vivre et des produits du terroir, c'est tout naturellement qu'elle a repris les rênes de Swiss Wine Directory en 2020.