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On s’est tous déjà moqué avec plus ou moins de bienveillance de David Guetta et de sa propension à créer une musique interminablement répétitive, avec une seule touche, sur son clavier virtuel. On a également tous décrié les DJs payés des dizaines de milliers de francs pour des pseudos sets « live », constitués essentiellement d’une playlist enregistrée sur une clé USB.
Il faut pourtant reconnaitre que depuis longtemps déjà, l’heure est à la MAO, la « musique assistée par ordinateur ». Sans aide des ordinateurs, logiciels et instruments virtuels, la diversité musicale ne serait peut-être pas ce qu’elle est aujourd’hui. Mais depuis quelques mois, les robots ont franchi un nouveau cap : ils sont devenus des musiciens à part entière, capable de composer un véritable « hit » de A à Z !
Amper, le plus sérieux des i-musiciens
Le logiciel Amper a été lancé en 2016 et se veut révolutionnaire. Grace à lui, n’importe qui, musicien ou parfait débutant, doit pouvoir composer une symphonie ou une chanson en quelques minutes, sans aucune connaissance de base ! Cette révolution, on la doit à Drew Silverstein, Sam Estes et Michael Hobe, trois musiciens et producteurs de musique de TV et de cinéma.
Avec Amper, ils ont voulu offrir la possibilité à tout un chacun de rêver : devenir Mozart, David Guetta, Ennio Morricone ou les Rolling Stones … depuis son canapé et sans se coltiner les fastidieux cours de solfège, de guitare ou de clavecin ! Le principe est simplissime : vous choisissez un genre, un style, un tempo et une durée et Amper génère aléatoirement et automatiquement une composition musicale unique. Si l’idée parait trop belle pour être vraie, il faut avouer que le résultat est positivement surprenant.
Une musique « Cinema Dramatic » qui n’a rien à envier à celles de Hans Zimmer !
L’interface du logiciel – aujourd’hui en version beta et free trial – est ultra intuitive et en quelques secondes, même le plus ignare des musiciens peut toucher du doigt le rêve des rock-stars.
Les fondateurs de la start-up new-yorkaise jurent qu’Amper est en mesure de créer autant de musiques qu’il y aura de musiciens et que chaque composition sera strictement unique. Même si les critères de base semblent contraignants à première vue, Amper a pensé à tout : il est notamment possible d’enlever ou d’ajouter des instruments et de réaliser des compositions extrêmement complexes … comme si le logiciel était réellement musicien ! A terme, il est donc totalement envisageable de voir de vrais pros de la chanson s’auto-produire et s’auto-accompagner musicalement avec un robot comme Amper.
« I am AI », le premier album 100% robot
Ce futur de la musique 100% composée grâce à l’intelligence artificielle est déjà arrivé ! C’est Taryn Southern qui a franchi le pas. Avec son nouvel album sorti cet été, « I am AI », la chanteuse américaine a confié l’entier de la composition musicale au logiciel Amper. Elle s’est donc contentée d’écrire les paroles et d’apposer sa voix à côté des instruments. Le rendu est incroyablement bon, preuve que le binôme AI-humain peut fonctionner.
Pour Taryn Southern, travailler avec Amper a été une expérience enrichissante et un bouleversement de son approche artistique. C’est aussi l’occasion d’un énorme buzz et de mettre en avant la force de la musique 3.0, basée intégralement sur l’AI !
Et les droits d’auteur dans tout cela ?
Reste une question majeure : qui de Taryn Southern ou Amper va toucher les royalties de l’album « I am AI » ? Rien n’est vraiment clair ! A la base, Amper avait pour but de faciliter la création de musiques d’ambiance ou de second plan. L’utilisation commerciale des créations d’Amper est floue et s’accompagne d’un réel vide juridique dans de nombreux pays. Si les musiques sont libres de droit, les paroles et la voix de Taryn Southern, elles, ne le sont pas ! Un accord spécial a donc été passé entre Amper et la chanteuse pour le partage des droits d’auteur.
Mais dans le futur, qui du robot ou de l’humain gagnera de l’argent avec la musique ?