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Rencontre avec Grégoire Furrer, directeur du Montreux Comedy Festival

Rencontre avec Grégoire Furrer, directeur du Montreux Comedy Festival

Les yeux encore plongés dans le lac Léman, Grégoire Furrer, directeur du Montreux Comedy nous accueille au Lausanne Palace et détaille le programme de la 28e édition du festival de l’humour.

En plus de sa volonté de faire de Montreux la capitale de l’humour, il souhaite également faire de la ville une référence de ce nouvel art comme Cannes l’est pour le cinéma. Et un café à la main, il se montre enthousiaste à l’idée d’embrasser la comédie et le digital. Rencontre.

 

Socialize Magazine | Quelles sont les grandes nouveautés de cette 28e édition ?
Grégoire Furrer | Cette année, la principale tête d’affiche de notre évènement sera le Montreux Comedy Festival lui-même. Nous avons ouvert la billetterie, il y a quelques semaines, et nous avons déjà vendu la moitié des billets sans avoir fait de grandes annonces. Soit environ 2500 billets. Notre festival est donc devenu une célébrité à part entière. Ceci est la principale nouveauté et le résultat de quatre ans de travail sur la marque Montreux Comedy Festival. L’autre star du festival se dessine dans les soirées organisées. En effet, chaque soirée est unique. Montreux doit devenir l’épicentre d’évènements inédits, ensuite exploités sur d’autres canaux. Ce sont les deux stars principales.

 

Et les artistes ?
Les humoristes adhèrent à cette vision. Ils endossent notre projet, se mettent conjointement en danger. Nous construisons autour d’eux le festival en prenant en compte leur planning, les contraintes artistiques, budgétaires et logistiques. Cette année, nous avons organisés cinq galas personnalisés. Caroline Vigneaux se produira lors de la soirée d’ouverture, puis la session web sera menée par Pierre Croce. Ensuite, il y aura une soirée « Fary – Wiesel » et un évènement uniquement anglophone avec Paul Taylor. Ce dernier explose actuellement à Paris avec son show What the Fuck France. Finalement, Rachid Badour se produira en direct sur toutes les chaînes francophones, en Suisse, en France et en Belgique. Tous ces artistes endossent notre projet, se mettent en danger conjointement. Ensuite, nous construisons autour de leur planning, de leur contrainte artistique et les contraintes de budget et de logistiques. Ces synergies avec et entre les artistes créent la force de Montreux.

 

« L’humour devient un art majeur »

 

Chaque année, on assiste à un renouvellement d’humoristes au sein du Montreux Comedy Festival. A terme, un certain essoufflement et un manque de nouveautés peuvent affecter le festival. Avez-vous des alternatives ?
Au contraire, nous assistons à une éclosion d’humoristes incroyables. Avec notre travail visant à développer la marque Montreux Comedy Festival, nous connaissons l’émergence d’une quinzaine d’artistes dans le monde francophone. Je pense notamment à Baptiste Lecaplain, Kheiron et Bun Hay Mean, entre autres. Tous ces artistes nouvellement arrivés doivent attendre avant d’avoir leur propre show. Par contre, en s’associant au sein de notre marque, ils font face à une vraie opportunité de se produire. Aujourd’hui, Montreux offre cette opportunité à la nouvelle génération.

 

Concrètement, comment faites-vous ?
Nous misons clairement sur les nouveaux patrons de l’humour. Et il n’y a qu’une seule manière de savoir si vous êtes vraiment un patron : en organisant un évènement. Montreux a la possibilité de révéler chaque année quatre personnes. Nous misons sur quatre artistes à qui nous donnons les clés du camion. C’est une énorme opportunité. Beaucoup de jeunes arrivent. J’estime donc que la réserve est assurée pour les prochaines années. Et il s’agit là seul facteur pouvant arrêter notre événement concerne le public. Tant que la demande est là, nous aurons la capacité de renouveler et d’amener des nouvelles têtes.

 

Comment parvenez-vous à mélanger toutes les caractéristiques humoristiques de chaque pays ?
Nous sommes les seuls dans la francophonie à organiser des soirées comiques en anglais. Nous proposons d’ailleurs des événements dont la mission est d’aller chercher les derniers buzz humoristiques aux Etats-Unis et en Angleterre. Nous ciblons également le Moyen-Orient, l’Afrique considérée à juste titre comme un terreau anglophone de qualité. Montreux veut réunir tous ces gens dans sa session de training comics. Et c’est une vraie opportunité. Je prends le cas de Thomas Wiesel qui s’est produit en anglais l’année passée. Grâce à cette prestation, un festival en Australie l’a repéré. Le monde de la comédie est international et Montreux joue ce rôle. Longtemps, la ville de la Riviera était la passerelle à travers la francophonie. Aujourd’hui, elle est devenue un pont vers le monde anglophone. Notre objectif n’est pas de révéler des artistes américains. Nous voulons découvrir des artistes chinois ou mexicains qui ont envie de se faire connaître sur la scène internationale.

 

Montreux est donc devenu une sorte de tremplin…
Clairement. Ma vision s’est cristallisée autour de la volonté de faire de Montreux un découvreur de talents, puis leur tremplin. Un film ayant gagné une récompense à Cannes sera adoubé. Je veux coller cette image cinématographique cannoise sur Montreux, mais uniquement dans le registre de l’humour.

 

Quelles seront les principales difficultés selon vous ?
Le principal challenge va se focaliser sur la digitalisation du monde. Le Montreux Comedy Festival a pris le bon virage en se retrouvant très vite sur les plateformes digitales comme YouTube. Aujourd’hui, il faut réussir à transformer un modèle économique se nourrissant encore de vieilles recettes comme le sponsoring et les droits TV en le faisant évoluer vers un écosystème digital. Il suffit de voir ce que propose Netflix. En observant les progrès de Netflix dans le genre humoristique, je suis à la fois excité en termes d’opportunité et inquiété de cette mouvance. Car contacter Netflix ou RTS, ce n’est pas la même histoire.

 

L’humour occupe une place grandissante dans le quotidien des gens et en terme de loisir. Est-il en train de devenir un art majeur ?
Personnellement, j’ai toujours considéré l’humour comme un art majeur. Nous avons été une sorte de visionnaire, ce qui n’était pas le cas auparavant. C’est un art qui est jeune. Quand j’ai démarré, c’était difficile d’avoir des sponsors. Aujourd’hui Swissquote est devenu notre sponsor. Cela démontre un véritable changement d’opinion et de regard sur l’humour. Auparavant, l’humour était juste confiné au café-théâtre. Aujourd’hui, c’est devenu un art majeur.

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