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Marie de Brauer, de la « grosse vie » au micro, une scène pour tout (et surtout pour rire)
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Marie de Brauer, de la « grosse vie » au micro, une scène pour tout (et surtout pour rire)

Chroniqueuse sur France Inter, autrice d’un docu remarqué et jeune stand-uppeuse en plein rodage, Marie de Brauer débarque au Montreux Comedy Festival avec un humour frontal, tendre et politique à la fois.

Rencontre avec une voix qui « piaille dans des micros », mais surtout qui place la scène au-dessus de tout, parce que rien ne vaut « le bruit des rires en direct ».

« Mon micro préféré, c’est celui de la scène », prévient Marie de Brauer. Radio, podcast, vidéo : elle adore tout faire, mais l’adrénaline du stand-up l’emporte « avoir les gens qui rient, c’est un plaisir indescriptible ». C’est avec cet appétit-là qu’elle fait sa première en Suisse à l’occasion du Montreux Comedy Festival, à Lausanne, au sein d’un plateau où l’on retrouve notamment Laurie Peret, Thomas VDB, Giedré, Oldelaf, Matthieu Nina et Julie Conti.

Si sa voix vous est familière, c’est normal : Marie chronique chaque semaine dans l’émission Zoom Zoom Zen (France Inter), où ses billets mêlent regard social, féminisme et sens du punchline. On la retrouve en podcast et en vidéo, preuve que sa plume voyage bien d’un format à l’autre. Sur Instagram, sa bio résume l’énergie du moment : « je piaille dans des micros ». Et ça piaille beaucoup.

 

Un regard forgé par l’enquête

Avant la scène, il y a l’enquête. Formée au journalisme, Marie garde de ses études un réflexe simple : vérifier, structurer, contextualiser. « Ça m’aide surtout en chronique, pour éviter de dire des bêtises (sauf quand la bêtise est la blague) », sourit-elle. Sur scène, elle revendique l’autobiographie : les meilleurs angles viennent de la vie, pas des hot takes du jour.

Ce regard s’est affûté avec La grosse vie de Marie, documentaire écrit et incarné par elle, diffusé sur France TV Slash. Elle y traite de grossophobie, ce système de discriminations qui pèse sur la santé, le travail, la vie sociale et intime des personnes grosses. « J’ai appris que ce n’était pas moi le problème », raconte-t-elle ; depuis, elle a « arrêté de s’excuser d’exister ».

Cette prise de conscience s’inscrit dans une dynamique militante plus large, portée notamment par Gras Politique, collectif féministe et queer qui lutte contre la grossophobie en France.

À Montreux, pas de cascade gratuite : elle joue un sketch déjà « rodé » en comedy club. « Tester en festival ? Trop risqué », assume-t-elle, consciente que la Suisse est une première et que la salle de Beaulieu est « graaande ». Les références locales, elle saura les ajuster, mais l’essentiel reste universel : parler d’elle, sans passer son temps à parler d’elle, nuance de stand-uppeuse.

Son processus d’écriture est clair : en chronique, elle s’autorise tout, y compris des sujets qu’elle « ne maîtrise pas forcément », quitte à rater, parce que le direct est un laboratoire. Sur scène, elle resserre au plus personnel. À l’inverse de beaucoup, elle ne « recycle » pas ses chroniques en stand-up : le passage plateau exige d’autres muscles, un autre rythme, une autre architecture.

 

Après Montreux, cap sur le rodage

« J’ai 50 minutes à affûter », dit-elle. Le mot-clé, c’est rodage. Paris bien sûr, mais aussi Genève, Marseille, Dijon, Angers : elle veut confronter son texte à des publics variés, sentir où ça claque, où ça freine, où ça respire. La Suisse ne sera qu’un début : d’autres salles l’attendent et certains clubs annoncent déjà ses dates de 2026 en « en rodage ». Bref, un premier spectacle se dessine, encore mouvant, déjà vivant.

Parler de corps sur scène, « ça passe mal généralement », admet-elle avec lucidité, non pas parce que le sujet serait illégitime, mais parce qu’il expose immédiatement aux réflexes grossophobes du public et des réseaux. Même en évoquant un chaton, dit-elle, certains ramèneront tout à son poids. Plutôt que de se censurer, elle choisit donc la précision : transformer l’intime en situation, l’expérience en angle, la colère en comédie. Et surtout, ne pas s’excuser d’être là.

 

La méthode Marie

Son conseil à celles et ceux qui hésitent à se lancer ? Mettre une date. Bloquer une salle, prévenir des ami·e·s, créer un point de non-retour. « Quand la date est posée, vous êtes obligé·e d’écrire », dit-elle. Elle-même a bénéficié d’un coup de pouce amical : la comédienne et humoriste Rosa Bursztein lui a, un jour, fixé l’échéance. Depuis, les lignes avancent : de la radio à la scène, de l’activisme à l’art, avec l’idée qu’une bonne blague vaut souvent mieux qu’un long discours.

 

Pourquoi on a hâte de la revoir

Parce que Marie de Brauer incarne précisément ce que la scène francophone fait de mieux aujourd’hui : une parole située qui n’écrase personne, un humour de précision, une écriture qui sait écouter. À Montreux, elle vient mesurer ses blagues à une salle suisse, tenaillée entre curiosité et exigence. On parie que le timing fera le reste et que la suite du rodage mettra tout le monde d’accord.


Repères
• Radio / podcast : chroniques dans Zoom Zoom Zen (Radio France).
• Docu : La grosse vie de Marie (France TV Slash).
• Thématiques : regard féministe, lutte contre la grossophobie (références : Gras Politique).
• Montreux 2025 : participation au plateau du 12 novembre (Théâtre de Beaulieu, Lausanne).
• Bio express : « je piaille dans des micros ».

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