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Caribana Festival – Wyclef Jean déchainé!

Caribana Festival – Wyclef Jean déchainé!

Après 20 ans de carrière et sept ans de silence radio, Wyclef Jean revient sur le devant de la scène avec un nouvel album prévu pour cet été et une attitude des plus rock’n’roll.

 

Qui est-il?

Acteur incontournable de la scène hip-hop, Wyclef Jean a vu sa carrière décoller il y a vingt ans avec le avec le groupe The Fugees, notament avec leur album « The Score ». Certifié six fois disque de platine et l’un des albums les plus vendus aux Etats-Unis, on se souvient tous de la reprise mythique « Killing Me Soffly ». Il entame par la suite une carrière d’artiste solo et de producteur. Après six albums et produit de nombreux artistes de renom, de Whitney Houston à Cypress Hill en passant par Santana pour qui il a réalisé le tube « Maria Maria », sans oublier ses collaborations avec des artistes aussi variés que Shakira ou encore Bono.

« Vous ne pourrez jamais m’étiqueter ou me mettre dans une boîte » – Wyclef Jean

Août 2010, Wyclef Jean annonce sa candidature à la présidence haïtienne. Mais alors que les élections se déroulaient le 28 novembre et que Haïti souffrait encore du tremblement de terre de janvier et de l’épidémie récente de choléra, Wyclef était forcé de laisser ce poste aux professionnels. Cette parenthèse politique l’amène a enregistré l’EP « If I Were President : My Haitian Experience » en hommage à son l’île native. L’artiste s’est largement engagé pour venir en aide à Haïti et pris part à plusieurs projets humanitaires.

Aujourd’hui, en attendant le prochain album de Wyclef, qui porte le nom de « Carnival III : Road to Clefication », prévu pour cet été, Jean fait patienter ses fans avec l’EP « J’Ouvert » délivré en début d’année. Il faut savoir que J’ouvert, c’est la fête qui précède un carnaval dans les Antilles et évoque ce côté festif et sexy. Le premier extrait avec Young Thug « I Swear » confirme la chose, et prouve par la même occasion que les collaborations entre ces deux artistes se soldent généralement par une réussite ; pour preuve le superbe titre « Kanye West », tiré du dernier album de Young Thug « JEFFERY ».  Sans pour autant perdre de vue son engagement social, l’international haïtien revient dans son EP sur son adolescence dans le New Jersey ou encore la victoire de Trump, mais réserve aussi une reprise inattendue, puisque Wyclef rend hommage au grand Jacques Brel en reprenant « Ne me quitte pas » sur un beat hip-hop.

« Ne me quitte pas à une valeur particulière pour moi. Ma mère l’écoutait tout le temps et me disait que c’était la plus grande chanson d’amour jamais écrite en français. Cette version est d’abord un hommage à ma mère, ensuite au grand Jacques Brel et enfin à l’amour. » – Wyclef Jean 

Un EP très réussi qui sortira 20 ans après « The Carnival » (1997) et 10 ans après « Carnival Vol.II : Memoirs of an Immigrant » (2007). Un cycle volontaire ?

 

Le concert

La soirée de ce dernier samedi 10 juin, se présentait sous les meilleurs auspices : Des températures estivales, une ambiance chaleureuse dans un cadre idyllique, des stands food divers et variés. Un public déjà bien enjaillé et totalement conquis par la prestation des belles de Saint-Denis, les charmantes L.E.J. (Lucie, Elisa et Juliette), qui s’est déroulée sur la grande scène. Une pause musicale devant la scène du Lac avec la lumineuse Ira May, jeune bâloise à la voix soul souvent comparée à l’icône Amy Winehouse, qui nous a régalé avec ses influences reggae et jazzy transformant les minutes en secondes. Oups ! Il est déjà l’heure de rejoindre la grande scène pour le tant attendu Wyclef Jean qui clôture la soirée.

Et là… Dès son arrivée sur scène, le morceau « Ready or Not » résonne et la foule s’embrase. Cela ne pouvait pas mieux commencer ! Immédiatement et sans préavis, le beat nous traverse et offre un voyage dans l’espace-temps, un retour vers le futur des plus jouissifs. Ça y est, on baigne en pleine adolescence et on kiff 🙂 Définitivement, The Fugees ont laissé en héritage une musique intemporelle et des souvenirs de jeunesse impérissables.

Avec ce vibrato très particulier, Wyclef Jean remplis largement l’espace de sa puissante voix et nous régale en revisitant ses grands classiques. « 911 » (magnifique featuring avec Mary J. Blige), « Gone Till November », « Fu-Gee-La » et « Killing Me Softly » (The Fugees), ou encore « Hips Don’t Lie » (fameux featuring avec Shakira). On aura également le droit à des reprises d’artistes tels que Bob Marley, ou encore à un freestyle en anglais, espagnol et français. Entre déclarations d’amour et appels à la tolérance, le chanteur, producteur et guitariste haïtien n’oublie pas de faire un clin d’œil (pour rester poli) à Donald Trump.

Soudain, au milieu de ce show effréné, une autre facette de Wyclef émerge et offre à son public un souvenir mémorable. Rocker dans l’âme, hors de contrôle, l’artiste décide d’escalader la structure métallique en bordure de scène sur le morceau complétement loco de Cypress Hill « Insane In The Brain ». Il faut dire que le titre est parfaitement bien choisi pour un pur moment de folie. L’assistance complétement médusée dans un premier temps laisse place à l’instant. Wyclef déchainé pousse des cris, et la foule exalte !

Improvisation, riffs de guitare et excitation étaient au rendez-vous. En véritable showman, Wyclef Jean, rocker à la voix soul teinté aux influences du monde, partage sans filtre et on se surprend à se demander : Jusqu’où est-il capable d’aller ?

S’il est vrai que le plaisir est garanti à l’écoute de ses anciens hits, on regrettera cependant de ne pas entendre plus de sons tirés du dernier EP, qui recèle pourtant de belles surprises. Wyclef interprète tout de même son titre « Ne me quitte pas », ou encore « Hendrix » dont le cœur de la chanson fait référence au célèbre guitariste Jimi Hendrix, idole dont il se souvient essayer de l’imiter alors que son cousin prenait plutôt en exemple Pablo Escobar, et plus profondément du fait de grandir dans un contexte où le diable et les rues offrent drogues et cartels. C’est sur ce morceau, vibrant au rythme des basses percutantes, que notre rockeur décide de s’offrir un bain de foule pour le plus grand plaisir des festivaliers.

Déchainé on vous dit ! Au point d’éprouver par moments un manque de précision dans les transitions et des chansons quelque peu avortées. Sentiment largement rattrapé par les instants ou l’artiste semble être touché par la grâce. Vraisemblablement, le temps imparti pour le concert du généreux Wyclef Jean semble beaucoup trop court (une heure) tant son désir de faire vivre un moment inoubliable parait fort. Quelque chose nous dit qu’il serait volontiers resté sur scène encore un peu.

Et si le parfait se conjuguait à l’imparfait pour pouvoir prendre toute sa dimension humaine ?

Ce qui est sûr, c’est que le concert de Wyclef Jean a sans nul doute marqué les esprits de cette 27ème édition du Festival Caribana !

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