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Lucio Bukowski & Oster Lapwass « Oderunt Poetas » – Poète des temps modernes

Lucio Bukowski & Oster Lapwass « Oderunt Poetas » – Poète des temps modernes


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Nos esprits encore rêveurs de belles soirées d’été on ne peut s’empêcher de vos présenter, loin du Game et de la Fame, Lucio Bukowski ; livrant ses pensées sans muselière, redonnant ses lettres de noblesse au rap français avec un style librement alternatif. 

Lucio Bukowski est le pseudonyme choisi par Ludovic Villard, faisant directement référence à l’un de ses écrivains favoris, Charles Bukowski (poète et romancier auteur d’une œuvre largement autobiographique et provocante). Né en 1983, Ludovic grandit dans un milieu modeste loin de la misère à Saint-Priest, banlieue Est de Lyon, ville essentiellement ouvrière avec une population extrêmement brassée. La littérature l’obsède depuis l’âge de 12 ans, et commence à écrire vers l’âge de 15 ans des poèmes et des nouvelles, puis assez rapidement des textes de rap. Après son bac, il entame des longues études d’histoire, puis travaille dans les métiers de la bibliothèque.

Ecrivain, rappeur, beatmaker et compositeur français, Lucio Bukowski, inspiré aux influences littéraires tel que Dylan Thomas, Dostoïevski ou encore Louis Calferte, développe une plume à la fois poétique et anarchiste. Préférant la puissance poétique au succès commercial, il représente l’essence du Hip Hop « être soit et être libre en s’exprimant sans artifices ». Un artiste difficile à aborder tant sa musique est personnelle et truffé de références littéraires. Et pourtant, à l’inverse d’un intello prétentieux, en toute simplicité, il pousse l’auditeur à aller voir plus loin, à creuser, à s’initier à la lecture philosophique, à la pensée libre, ou alors tout simplement à profiter d’un art sincère sans fioritures.

Avec une écriture essentiellement instinctive, Lucio Bukowski préfère garder au maximum intacte sa première écriture afin de conserver l’unité et le naturel. Considérant le rap comme secondaire par rapport à son besoin incessant d’écrire, publier un roman ou un recueil de poèmes est un projet de vie. C’est donc avec son grand-frère qu’ils montent une maison de micro-éditions afin de publier leurs textes. Tels des artisans, ils ambitionnent de faire les choses par eux-mêmes afin de faire vivre leur art même si ça ne rapporte pas des sommes folles.

A chaque fois Lucio présente ses projets sous « Lucio Bukowski & X beatmaker », travaillant avec un seul beatmaker sur chaque projet. Ce qui offre une cohérence musicale et thématique permettant ainsi de développer un réel échange artistique.

Œuvrant dans l’ombre ces dix dernières années, Lucio Bukowski est un artiste très prolifique. Avec à 4 albums depuis 2012 et de nombreux EP et collaborations, il fait une rentrée fracassante au printemps 2015 avec l’album « La Plume et le brise-glace ». A l’automne, il livre l’EP « L’homme alité », puis fin d’année nous présente l’album « Kiai sous la Pluie Noire ». Sans oublié les projets instrumentaux sous les étiquettes LUDO et Louise Kabuki. Cette productivité incroyable rime sans conteste avec qualité et ne cesse de surprendre par la constante progression dans son art. Un aboutissement harmonieux marqué par collaborations avec des artistes de talent.

Et c’est donc début juin 2016 que Lucio Bukowski, en collaboration avec Oster Lapwass, libère son 5ème opus « Oderunt Poetas ».


Notre critique

« Ils haïssent les poètes » est la traduction française « Oderunt Poetas », citation d’Horace (poète latin proclamant son indépendant vis-à-vis des écoles philosophiques). Il aura seulement fallu soixante jours d’intense création à Lucio Bukoswki et son complice Oster Lapwass, les deux fers de lance de l’Animalerie, pour livrer cette petite pépite de rap français.

Oster Lapwass, beatmaker passionné possédant une large palette musicale allant de l’électro au boom-bap faisant des détours par le grime, met de la couleur sur cette album avec des nuances aussi claires qu’enluminées. La beauté et la richesse de ses productions nous transportent avec une profondeur aussi légère que lourde déroulant le tapis rouge à Lucio, qui de son côté, avec une plume toujours soignée, offre un rap plus technique jouant plus aisément sur la musicalité. Entre poète et rappeur, Lucio a trouvé sa place et affuté son flow. Tranquillement, sans forcer, il y prend du plaisir, et ça se sent.

La magnifique pochette en noir et blanc, met à l’honneur le squelette de la tête d’un cerf, symbole de mort et la renaissance, peut laisser croire qu’on s’aventure dans un voyage mortel, mais, au-delà des apparences et malgré un ciel ombragé, on profite de belles éclaircies. Avec une écriture remplie d’énigmes, à divers niveaux (rassurez-vous), les plus cultivés se feront un malin plaisir à extraire toute la profondeur des textes référencés dont l’album recèle avec des punchlines telles que « Alfred Nobel et la fin du monde seraient de mèche » sur le morceau « Eau en poudre ». Pour accéder à ce niveau, il faut savoir qu’Alfred Nobel à inventé la dynamite, alors évidemment on comprend l’intérêt ! Mais surtout qu’il y a beaucoup de niveaux à franchir pour y arriver. Ce qui est mon cas :o)

Le morceau qui introduit l’album « Ogni giorno è la scuola » vise à une émancipation intellectuelle individuelle. « Orties & orchidées » est un morceau dédié au public mal guidé avançant dans le bouillard post-moderne. Le titre « Kejserens nye Klaeder », reprend le compte de Hans Cristian Andersen « Les habits neufs de l’empereur » qui met en évidence le syndrome de « contamination de la pensée propre se laissant dominer par une pensée commune», et surprend par son originalité.

« Du coup l’orage, sur la vitre, joue le tempo rituel
La rue est pleine, la nuit vide, disons le truc habituel
Le café fume formant quelque chose dans la veine de Monet
J’ai l’impression que le silence est un refrain que je connais »
(Ogni giornoé a scuo
la)

Si l’ambiance peut paraître anxiogène sur certains morceaux, au milieu des illusions perdues, l’horizon s’ouvre avec « La Pesanteur et la grâce »  ou encore « In memoriam Orpheus ». Deux sublimes morceaux entièrement instrumentaux d’Oster Lapwass, nous faisant voyager en apesanteur.

Vous l’aurez compris, Lucio ne fait pas dans le divertissement mais cherche à faire susciter des émotions, une réflexion, la curiosité. Sous des airs sombres, Lucio est un grand optimiste et nous adresse un message d’espoir avec une prose qui vole en éclats.

« L’arbre de vie plonge ses racines sous la peau d’une femme »
(Rubaïyat)

Seul un poète peut sublimer la douleur de l’âme, de l’amour, de la haine, de la dérive des pensées par la force des mots. Accepter la noirceur de ce monde afin d’en acquérir tour les aspects et rendre plus pure la beauté d’un instant de grâce.

« La chose importante est la chose évidente que personne ne dit »
Charles Bukowski

« Oderunt Poetas » aura donné du fil à retordre, un article plus long que prévu, une utilisation accrue de Google, mais également l’envie de se plonger dans ce qui l’a inspiré avec un intérêt certain.

Un peu comme le plaisir d’un bon vin qu’on laisse décanter pour mieux savourer toutes ses notes, il faudra certainement plus d’une écoute pour apprécier l’ensemble (ou du moins une partie) des richesses de l’album.

Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une bonne dégustation !

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