Il faut de tout pour faire un festival : des bénévoles, des professionnels des spectacles, des techniciens… et des artistes de qualité !
La programmation est une partie évidemment primordiale pour le bon déroulé d’un festival. C’est la porte d’entrée, l’annonce qui fera déplacer les foules.
En Romandie, avec plus de trente festivals majeurs au cœur de la saison, trouver le bon dosage entre têtes d’affiche, découvertes, prises de risques et engagements financiers est un exploit. Pour l’Estivale Open Air d’Estavayer-le-Lac, c’est Jérémy Constantini qui est aux manettes.
Socialize Magazine | Pour quelle(s) raison(s) vient-on à Estivale ?
Jeremy Constantini, programmateur d’Estivale Open Air | Premièrement, pour son cadre. Le festival prend place au bord du lac où des stands et des tables sont installés afin de permettre aux festivaliers de s’asseoir et de manger. La deuxième raison se trouve certainement dans la programmation. Cette année encore, pour la troisième fois consécutive, le budget et la capacité du festival ont été doublés afin de satisfaire toujours plus le public et de nous extraire du monde des petits festivals. Le prix du billet représente une troisième raison pour laquelle les festivaliers viennent à Estivale. Avec une journée à CHF 59.-, Estivale se positionne comme l’un des festivals les moins chers de la région. Ce prix abordable nous permet de toucher un public plus large.
Quelles sont les clés pour réussir une bonne programmation ?
Il faut se tenir informé de l’état de la musique actuelle et des nouveautés, des artistes qui marchent, ainsi que de de ceux qui vont peut-être exploser, ou non. Nous gardons également un œil sur les artistes en évolution que nous essayons de produire sur la scène du lac.
Quelles difficultés le programmateur rencontre-t-il ?
Les cachets des artistes, toujours plus importants, représentent une première réelle difficulté. Ce phénomène est dû à l’effondrement de l’industrie du disque. Mais au final, ce sont ces artistes qui nous permettent de vendre les billets et de faire venir du monde. Le tout s’équilibre donc. Par ailleurs, la concurrence au niveau local est élevée en été puisque de nombreux festivals prennent place en Suisse romande durant cette période. Nous rencontrons également des difficultés plus classiques pour tout programmateur comme le fait de composer avec les emplois du temps des artistes.
Au fil de votre expérience à Estivale, quels sont les réussites et les échecs rencontrés au niveau de la programmation ?
Lorsque nous programmons un artiste très connu, nous sommes sûrs de voir du monde. A l’inverse, nous ne pouvons prévoir quel impact un artiste moins connu aura sur le public. Nous avions eu une belle surprise avec un artiste nommé PIHPOH, un rappeur de Belfort. Nous l’avions programmé sur la scène du lac, en ouverture du festival, ce qui n’est pas évident. Il a cependant réussi à capter l’attention du public en donnant une excellente prestation. C’est d’ailleurs sur cette scène-ci que les surprises se font, en général, avec des artistes moins connus comme les groupes Anna Kova ou Lucille Crew.
Avez-vous des anecdotes à nous partager ?
Nous avons toujours beaucoup de plaisir à constater que bon nombre d’artistes que nous accueillons prolongent leur séjour à Estivale. Nous faisons au mieux pour créer une ambiance personnelle dans laquelle ils se sentent bien. Aussi, lorsqu’ils retardent leur départ pour profiter du site et de l’ambiance, de notre infrastructure et de notre équipe de bénévoles, nous sommes très heureux.
Quels sont vos coups de cœur dans la programmation de cette année ?
Mon premier coup de cœur est pour Svinkels, un groupe de hip-hop français composé de trois MCs et d’un DJ – DJ Pone – qui est notamment le DJ de NTM. Leur formation date d’il y a plus de dix ans. Ils réalisent une tournée de reformation et nous sommes très heureux d’avoir pu les programmer avec une exclusivité suisse.
Mon deuxième coup de cœur va aux jeunes strasbourgeois de Amoure. Ils relèveront également la dure tâche d’ouvrir une journée de festival et je pense qu’ils vont très bien s’en sortir. Il s’agit d’un trio de trois beaux gosses d’une trentaine d’années… de quoi plaire aux festivalières !
Quel est le moment clé du festival à ne pas rater ?
L’ouverture et la fermeture des portes. L’ouverture, parce que cela permet aux festivaliers de voir tous les artistes du jour, y compris ceux qui ouvrent le festival sur la scène du lac. Même si ces derniers ne sont pas connus, ils peuvent réserver de très belles surprises. Quant à la fermeture, des DJ se produisent à la tombée de la nuit, alors, si la météo le permet, la fête sera longue… et belle.
Au final, peut-on dire que la programmation fait le festival ?
Oui et non, il s’agit d’un tout. Il est vrai que chaque secteur du festival – qu’il s’agisse de la communication, des infrastructures, de la technique ou des scènes – est au service de la programmation. Mais à l’inverse, la programmation, elle aussi, est au service de l’ensemble du festival. Car si tous les secteurs sont investis mais que la programmation n’est pas bonne, ça ne fonctionnera pas. Pour faire un festival, il faut donc que tout soit au top ! C’est ce que nous essayons de faire.
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