Verino, c’est ce funambule du verbe qui marche sans filet entre introspection, blagues affûtées et sincérité brute.
À l’occasion de son passage au Montreux Comedy Festival, Socialize Magazine lui a tendu le micro pour un échange libre, parfois désarmant, toujours stimulant.
Portrait d’un humoriste qui refuse la recette et cultive l’inconfort comme moteur de création.
“Pourquoi ne pas être humoriste ?”

Ce n’était pas une vocation balisée, mais une envie viscérale. À huit ans, Verino entend que certains critiquent les humoristes comme on critique les footballeurs bien payés. Sa réponse d’enfant sonne encore : « Si c’est trop cool, pourquoi ne pas l’être ? » Cette lucidité précoce, mêlée à une passion pour la scène, trace les premiers contours d’un chemin singulier.
Il revient sur une étape fondatrice : son Olympia autoproduit en 2012, sans promo ni budget. “On avait réduit toutes les dépenses pour baisser le prix des places à 20 euros. Et on a rempli l’Olympia avec une simple ampoule sur scène.” Une leçon de débrouille et d’ambition, portée par un Verino de 30 ans “plein de fougue, de jeunesse et d’erreurs”, mais déjà animé d’un idéal : rendre l’humour accessible.
“Le spectacle, c’est une surprise”
Verino ne teste pas ses blagues en fonction des tendances. Il propose ce qu’il a envie de raconter et accepte la sentence : “Si les salles se vident, c’est que je ne suis pas assez bon.” Mais voilà, les salles sont pleines, archi-pleines, des mois à l’avance. Sans télé, sans promo massive. Juste grâce à un public qu’il qualifie de “meilleur du monde”. Un lien construit via ses vidéos hebdo, son écriture artisanale, et une constance : toujours chercher mieux.
“Je fais de mon mieux. Si je rate, c’est pas grave.” Cette phrase résume son état d’esprit. Chercher l’inconfort volontaire, comme lorsqu’il écrit Rodeo, son nouveau spectacle, en à peine huit semaines. Écriture intense, test dans les bars angevins, ajustements en direct, puis explosion sur scène. “C’est comme un bébé qui grandit : à la fin, il ne ressemble pas à ce que tu avais prévu, mais il est encore plus beau.”
Montreux, la scène comme tremplin pour les autres

À Lausanne, Verino ne vient pas tester du matériel incertain. Il vient “mettre en lumière les autres artistes”. Car lors du Montreux Comedy Festival, ce sont les jeunes talents qu’il veut magnifier : “Je veux qu’ils aient le meilleur capital confiance possible et qu’ils fassent le meilleur passage de leur vie.”
Et quand on lui parle d’ajuster son humour selon la ville ou le pays ? Il répond qu’il s’adapte “tout le temps et jamais”. Il joue sa partition, mais laisse le moment présent guider son tempo, ses respirations, ses improvisations. “Le stand-up, c’est un art vivant. On n’est pas un DVD.”
Déléguer ? Oui. Mais jamais la responsabilité.
Aujourd’hui, c’est sa femme qui produit son spectacle. Il le dit avec humour : “Je ne suis pas en autoproduction. Ce serait m’approprier le travail de ma femme.” Il choisit les salles, discute les grandes lignes, mais délègue l’organisation. En revanche, il garde le “final cut” sur le montage de ses vidéos hebdomadaires. Et surtout, il reste responsable. Même quand d’autres exécutent, il assume tout.
Conseil à ceux qui se lancent ?
“Travaille. Tue tes blagues. Remets-toi en question. Crée sans cesse.” Pour lui, ce n’est pas le talent d’un instant qui compte, mais la capacité à durer. C’est ce qui l’a poussé à lancer sa chaîne YouTube en 2014 : écrire chaque semaine pour progresser, ne jamais s’endormir sur un spectacle en place. “Il faut se rappeler ce que ça coûte d’écrire un spectacle pour le respecter.”
Et côté passion ?
Fidèle à lui-même, la dernière question le reconnecte à son univers de geek assumé : “Pour mon anniversaire, mon équipe m’a offert le Mario Kart en Lego. Je suis un fan absolu de Nintendo.” De Mario Galaxy à Zelda, il parle avec la même flamme que pour le stand-up. C’est cette flamme-là, justement, qui donne à Verino son éclat si particulier.
Prochain rendez-vous avec lui ? Sur scene au Montreux Comedy Festival. Parce que, comme il le dit si bien, “le spectacle, il grandit, il évolue et parfois il devient encore plus beau que ce qu’on avait imaginé.”
Fondateur du Socialize Magazine, Sandro est passionné par les voyages, la pop-culture, les nouvelles technologies et amateur de bonnes tables! Son motto? #kiffance!
