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Un workshop pour créer sa « vraie fausse » oeuvre d’art
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Un workshop pour créer sa « vraie fausse » oeuvre d’art

La tendance du « faites-le vous-même » et autres phénomènes tutoriels ne vous a pas échappée. Socialize magazine vous propose de découvrir une activité « Do it yourself » intelligente et active sur un sujet plutôt inhabituel : l’art contemporain.

En outre l’aspect récréatif que procurent peinture et pinceaux, c’est avant tout une expérience éducative qui vise à vous familiariser aux concepts artistiques actuels. A quelques pas de la place des Eaux-Vives, à Genève, nous avons rencontré Stéphane Ducret, l’artiste qui se cache derrière ces ateliers anti-déprime de la rentrée qui nous permettront de ne plus être totalement « largués » devant des œuvres d’art qu’on ne comprend pas !

 

Socialize Magazine | Peux-tu nous expliquer avec tes propres mots qu’est-ce que le concept « ART CLASSE » ?
Stéphane Ducret | ART CLASSE est un programme de workshops exclusifs et uniques à Genève. Il s’agit de classes, d’activités de « team building », de coaching et de voyages culturels, dont le but est de permettre aux participants de passer d’une relative méconnaissance de l’art contemporain à de solides connaissances qu’ils peuvent mettre à profit socialement, avec leurs clients, ou pour leur satisfaction personnelle.

 

Et tes workshops REAL/FAKE ?
Les workshops REAL/FAKE font partie du programme ART CLASSE. Ils permettent, tout en s’amusant, de pratiquer la peinture et de se mettre dans la peau d’un artiste contemporain d’une manière didactique. On réalise son œuvre d’art en se basant toujours sur un artiste contemporain reconnu. Puis on repart à la maison avec la toile.

 

Comment le concept ART CLASSE a-t-il vu le jour ?
A partir d’une observation simple : je me suis rendu compte que trop de monde ne savait absolument rien de l’art contemporain, mais avait certaines notions sur l’art moderne (Monet, Picasso, Matisse, éventuellement Duchamp) et ne connaissait des années 60-70 qu’une sélection d’artistes Pop comme Warhol, Lichtenstein et le fameux « LOVE » de Robert Indiana… bien que je doute que beaucoup connaissent son nom. Je me suis dit que très certainement, les classes d’art à l’école obligatoire devaient avoir des limites et donc qu’il fallait combler ce vide.

 

Quand ton concept a-t-il vu le jour ?
Il y a exactement une année, en août 2016 !

 

Te dédies-tu à 100% à « ART CLASSE » ?
La première année, je m’y suis dédié à 150%, c’est à dire 7 jours sur 7. Désormais, j’espère pouvoir équilibrer mon temps dédié à ART CLASSE et à ma pratique artistique personnelle… et avoir aussi un week-end sur deux pour moi (rires).

 

Comment devient-on « coach en art contemporain » ?
J’ai étudié l’art à Genève, dans cette école d’art qui aujourd’hui se nomme HEAD. J’ai aussi obtenu le diplôme d’enseignement du Séminaire Pédagogique. Depuis très jeune, l’art a été ma passion et très vite, mon intérêt principal a été dirigé plus précisément vers l’art contemporain.

 

J’étais un très grand passionné : j’aurais autant aimé « être » tous les artistes que j’admirais, que collectionner leurs œuvres.

 

A l’âge de 20 ans, en entrant aux Beaux-Arts, j’avais déjà parcouru un très grand nombre d’expositions dans des galeries et musées, en Suisse et à l’étranger, et j’avais la chance d’avoir rencontré des artistes déjà importants ou qui allaient le devenir, tels Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle, Bernhard Luginbühl, François Boisrond, John Armleder, Sylvie Fleury. J’ai ensuite enseigné l’art et le dessin dans plusieurs écoles d’art de renommée internationale et créé deux galeries, l’une à New York et l’autre à Genève. Devenir coach en art contemporain m’avait donc paru au mieux, assez évident, au pire, la seule chose que je pouvais faire à part « artiste » (rires).

 

Est-ce qu’il existe beaucoup de coach en Art contemporain comme toi ?
Dans le monde, je ne sais pas. A Genève et environs, comme moi, absolument personne. J’aimerais cependant saluer le C-FAL, centre de formation artistique et littéraire, qui propose des ateliers pour enfants et adultes, de création artistique, littéraire et philosophique, etc. donnés par des professionnels dans chacun de ces domaines et le Cercle Menus Plaisirs qui a un magnifique programme de conférences lié à l’art moderne et contemporain. Je pense que les trois, nous avons un programme complémentaire.

Comment fonctionne ta formule REAL/FAKE ?
On s’inscrit pour une ou plusieurs sessions (il y a un prix spécial pour un « abonnement » de trois sessions minimum), chaque session étant unique et d’une durée de trois heures. Les workshops ont lieu certains dimanche après-midi, ou mardi soir, et parfois à d’autres moments de la semaine. A chaque fois, nous traitons d’un seul artiste.

 

Quel public s’inscrit à tes workshops ?
Des gens de toutes générations, plus particulièrement les 30 – 50 ans. Parfois des ados. Mes classes d’art sont actuellement plus visitées par des femmes que par des hommes. Heureusement, de plus en plus d’hommes les apprécient et y participent !

 

Combien de participants au maximum ? La taille idéale d’un groupe ?
De 8 à 12 personnes, idéalement. J’ai eu une classe de 16 une fois et ça a été magnifique. Mais oui, je dirais que 12 est le grand maximum, mais cela peut être nettement moins, en fonction de l’artiste choisi.

 

Par quoi commencent tes ateliers ?
Une fois que j’ai accueilli les participants, je leur fais une présentation sur l’artiste que l’on va traiter le jour même. Puis je leur donne toutes les informations techniques pour réaliser leur « œuvre », je leur fournis les outils et généralement une toile ou d’autres matériaux et les laisse travailler tout en les aidant en fonction de leur demande. A la fin, nous accrochons au mur toutes les œuvres réalisées pour les admirer, comme dans une exposition d’art. Parfois, nous ouvrons une bouteille et prenons l’apéro ensuite.

 

Combien de temps il faut compter pour reproduire une œuvre ?
Trois heures suffisent généralement, dans le cas des « Today Series » de On Kawara (les fameuses dates du jour), cela prend plus de temps, car c’est très complexe et nous fabriquons aussi la boite qui accueillera l’œuvre: 4 heures au total.

 

Faut-il réserver longtemps à l’avance ?
Je recommande de le faire pour deux raisons : la première est que j’offre un 10% de réduction sur les réservations payées à l’avance et la deuxième étant qu’un atelier peut être plein si on s’y prend trop tard. Cependant, le « dernière minute » est parfois possible aussi.

 

Comment tu choisis les artistes « imitables » et comment tu décortiques leur méthode ?
Il y a une recherche d’équilibre entre l’importance historique que le monde de l’art donne à l’artiste et mes goûts personnels. Ensuite, je pense que pratiquement tout artiste est « imitable ». Les seules restrictions sont de l’ordre du temps nécessaire à la réalisation de l’œuvre, le matériel (coût ou disponibilité), raisons pour lesquelles je ne peux pas proposer de sculptures ou des installations.

Peut-on venir vers toi avec le nom d’un artiste contemporain que l’on aime beaucoup et repartir avec une « vraie fausse » toile ? Ou bien faut-il choisir parmi une liste existante ?
On choisit parmi une liste existante. Par contre, on peut me suggérer des noms pour la saison suivante, et s’ils correspondent à mes critères de sélection, je peux imaginer de les intégrer au programme. Je peux aussi organiser un atelier privé pour un groupe qui désire travailler sur cet artiste. 

 

Comment gères-tu le contexte légal et les droits à l’image/droits d’auteur des artistes/œuvres ?
Dans les temps passés, les artistes apprenaient à créer en copiant les maîtres anciens. Dans les écoles, les professeurs s’inspirent régulièrement d’artistes tels Picasso, Matisse, Van Gogh… Rien de tout cela ne pose des problèmes légaux. D’ailleurs, nous ne fabriquons pas des « faux » au terme juridique, qui serviraient à tromper des clients en les vendant pour « authentiques ». Il ne s’agit que d’imitations faites à titre privé et éducatif, sans but lucratif.

De toute manière, sans déprécier le superbe travail fait par mes « élèves », on peut quand même faire la différence entre un original et une reproduction, ne serait-ce par les formats… à part peut-être pour certains Gerhard Richter ou Rudolf Stingel qui sont particulièrement bien réussis !

 

Existent-ils des artistes contemporains plus faciles ou plus difficiles à imiter que d’autres ?
Absolument. Mais imiter n’est pas la seule proposition que je fais : je suggère aussi parfois de juste s’inspirer de cet artiste-ci ou là et de se « l’approprier » en fonction de soi-même.

 

Ton meilleur souvenir dans ce contexte ?
J’en ai tellement, difficile de choisir ! Je préfèrerais parler d’une grande surprise avec les workshops sur On Kawara. En fait, les deux workshops étaient pleins et j’ai même des personnes qui sont venus aux deux à trois jours d’intervalle!

 

Comment te fais-tu connaître auprès des entreprises qui souhaitent faire un team building ?
Jusqu’à maintenant, des amis et connaissances travaillant dans des entreprises m’ont contacté pour des workshops, parce qu’ils aimaient tout simplement le concept, ou parce que l’entreprise cherche à favoriser chez ses employés une prise de conscience du monde de l’art (généralement quand les dirigeants de l’entreprise collectionnent).

 

Tes conseils pour les futurs participants ?
Même si l’on n’a jamais tenu un crayon ou un pinceau : se lancer sans retenue !

 

Des nouveaux projets à signaler dans les mois qui viennent ?
Peut-être aimerais-je aussi donner des conférences sur des artistes qui seraient trop compliqués à « copier » pour les raisons évoquées plus haut.

J’aimerais aussi organiser plus de voyages culturels.

 

Le mot de la fin ?
“I will not make any more boring art” — John Baldessari, artiste, Los Angeles.


Retrouvez ART CLASSE et le programme sur www.artclasse.com


A propos de Stéphane Ducret

Cet artiste originaire de Pully a sillonné le monde. Il a notamment vécu à New-York, Porto et Buenos Aires. Complètement fou d’art en général et d’art contemporain en particulier, lui-même artiste, professeur dans les plus belles écoles d’art internationales et galeriste, il lance il y a tout juste une année, un concept original et unique en son genre : ART CLASSE.

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