La 51e édition du Montreux Jazz Festival, dense partition aux lectures multiples, a fait vibrer environ 230’000 personnes. Offres et infrastructures repensées, soumises à la météo variable, ont enthousiasmé artistes et public.
Le 30 mars dernier, le Montreux Jazz Festival dévoilait son programme étoffé. La 51e édition affichait surtout des choix forts : des plateaux audacieux, une salle gratuite complètement repensée, un nouveau concept de scènes intimistes extra-muros, une nouvelle terrasse de 150m sur l’eau. Ces initiatives se sont révélées pertinentes au cours du Festival, titillant la curiosité du public et multipliant les invitations à la découverte.
Les ventes de billets sont montées en puissance au cours de la quinzaine, avec un total de 90’000 billets vendus. L’esthétique des quais et des terrasses, le Parc Vernex encore plus accueillant, la création du Lisztomania et la qualité du programme gratuit ont contribué aux excellents chiffres F&B (Food & Beverages). De quoi approcher l’équilibre budgétaire à l’issue d’une édition aux conditions météorologiques variables.
Parmi la profusion des concerts proposés, agencés avec cohérence par scène et par soir, le Festival retiendra une trace indélébile des performances de Tom Jones, Tash Sultana, Ms. Lauryn Hill, Grace Jones, Royal Blood, Solange, Erykah Badu, The Taj Mahal & Keb’ Mo’ Band, Yello, London Grammar, Shabaka & The Ancestors… et tant d’autres! Le Festival tient à remercier tous les artistes qui ont permis à ces moments d’émotion et d’amitié d’exister à Montreux. Hier soir encore, chaque salle a délivré son lot de frissons : George Benson et Ibrahim Maalouf au Stravinski, James Hunter et Mavis Staples au Club ou Tinariwen et Michael Kiwanuka au Lab.
Montreux, lieu de villégiature
Montreux, on le sait, favorise les rencontres, l’apparition de moments spontanés. En témoignent les échanges entre artistes, sur et hors scène.
On a vu Ms. Lauryn Hill, improvisant une version poignante de «Ne me Quitte Pas» à la Nina Simone. On a vu Sampha courir rejoindre Solange sur scène ou Chilly Gonzalesreprendre spontanément «Rockit», en clin d’œil à Herbie Hancock. On a vu Yellopromettre un retour à Montreux à la sortie de leur unique date en Suisse. On a vu KeryJames rapper en duo avec Youssoupha et inviter le fils de ce dernier sur scène…
La générosité des artistes s’exprime encore de minuit à 5h du matin, durant les jam sessions du Montreux Jazz Club. On pense notamment à Chilly Gonzales offrant un moment d’improvisation, en plus de son concert, d’un workshop et d’une live session. Le Club a également été patiné des prestations spontanées de The Roots, Lemon Twigs, Trilok Gurtu, Cinematic Orchestra et des musiciens de Herbie Hancock et de Grace Jones. Le chanteur Sam Smith a même improvisé en compagnie d’un joueur de kora. «This Festival reminds me why I love music so much», publia-t-il ensuite sur Instagram.
À l’instar de Quincy Jones, Woodkid ou Sam Smith, les artistes profitent du Festival comme lieu de villégiature à part entière, loin d’une certaine agitation. Des relations pérennes chères aux organisateurs, à l’image de The Roots, remplaçant Emeli Sandé au pied-levé: «If they ask you to perform here, it is your duty and an honour to come here», déclare Questlove, batteur mythique du groupe.
Nouveautés
Lisztomania, Out of the Box, Insider : de nouveaux termes ont fait leur entrée dans le lexique du Festival. Une distance également: 150 mètres, soit la longueur de la nouvelle terrasse édifiée au-dessus de l’eau. Cette dernière a fait forte impression auprès du public et permis de fluidifier la circulation sur les quais de manière significative.
Sélection musicale éclectique, esthétique du lieu, salle pleine à craquer pour les concerts de Roméo Elvis, Cigarettes After Sex ou encore Polo & Pan: Lisztomania a su fédérer son public et se faire un nom sur les rives du Léman. C’est également le cas pour le nouveau concept d’Out of the Box, particulièrement apprécié des artistes. L’Abbaye de Saint-Maurice a notamment fait vivre de grands frissons, grâce au duo Preisig & Rusconi. La salle des Congrès du Fairmont le Montreux Palace a quant à elle convaincu au niveau acoustique.
Un gratuit inestimable
A Music in the Park, on parle d’un lieu à la longue tradition de concerts fédérateurs, là pour la découverte et la magie des concerts en plein air. Le Parc Vernex, relooké l’an dernier et encore aéré pour cette édition, finira en beauté avec une silent disco le samedi soir. Quant au Strobe Klub, il s’affirme comme le panthéon des rythmes électroniques intenses du mois de juillet. Canapés flottants et flamants roses gonflables: la Pool Partyn’a pas trahi ses promesses.
Les projets pédagogiques de la Montreux Jazz Artists Foundation ont ravi les curieux et mélomanes, venus en nombre assister aux workshops et aux concours. L’Américain Addison Frei a remporté la Parmigiani Montreux Jazz Piano Solo Competition. Le Suédois Kasper Agnas, a gagné la Montreux Jazz Electric Guitar Competition, alors que son compatriote, Alexander Lövmark, a remporté la Shure Montreux Jazz Voice Competition. Le Prix du Public UBS a été remporté par Sportelli. Tous ces lauréats participeront à la quatrième Montreux Jazz Academy, du 23 février au 3 mars 2018.
Insider, Cuts & Livestreaming
Le Montreux Jazz Festival a fédéré une nouvelle communauté de mélomanes et de passionnés du Festival autour de l’application mobile Montreux Jazz Insider. News exclusives et événements spéciaux ont ponctué les 16 jours des Insiders: live session de Chilly Gonzales au Chalet, cocktail party avec Quincy Jones, soundcheck de Tash Sultana… L’application continuera d’être alimentée toute l’année et offrira deux heures d’avance à ses membres pour réserver ses billets de l’édition 2018. Le Montreux Jazz Festival a poursuivi la diffusion digitale de ses concerts à travers les livestreams et CUTS.