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Pourquoi le téléchargement légal n’est-il plus si compliqué ?

Pourquoi le téléchargement légal n’est-il plus si compliqué ?

Vous avez sans doute déjà été d’un côté ou de l’autre de cette conversation

– Ah bon, tu as un abonnement Netflix toi?

– Oui, c’est pratique et pas trop cher. Et si tu aimes bien les séries, il y a du choix.

– Non, moi je m’en fous, j’ai un logiciel qui stream et télécharge. C’est super simple et puis surtout … c’est gratuit !

Quelle que soit votre position sur la question, on ne va pas vous faire la morale. Depuis plusieurs années, un constat s’impose: les offres illégales sont beaucoup plus simples à utiliser que les offres légales, la faute notamment aux DRM (les verrous numériques). Mais au fait, pourquoi est-il si compliqué de consommer des films et séries légalement?

 

L’ACHAT OU LOCATION

iTunes et Google Play sont les mastodontes de la VOD mais le principe est le même chez les plus petits acteurs. L’idée de base est simple: dématérialiser les produits culturels. On va dans un magasin (en ligne), on achète ou loue un film (numérique) et on le regarde sur ses supports. Halte ! N’oubliez pas qu’on parle de deux des plus grosses entreprises du monde et pourtant on a déjà trouvé le talon d’Achille. Pour profiter d’un film loué sur iTunes, il faut un produit avec une pomme croquée dessus ou streamer sur une Apple TV, pour autant que votre installation le permette. Pareil pour Google Play. Sans oublier les fameux DRM qui empêche parfois de recopier l’écran de son ordinateur branché sur sa télé au cas où vous seriez un “méchant pirate qui veut juste mettre le film sur internet”. Essayez aussi d’acheter une série “en direct des US” en VOST. La saison vous coûtera 50.- et quand la VF sera disponible, vous serez bon pour sortir à nouveau 50.-, une ineptie aujourd’hui.

 

LE CODE FOURNI AVEC UN DVD / BLU-RAY

Ça partait pourtant d’une bonne idée. Vous achetez un support physique, à l’intérieur duquel se trouve un code qui vous permet de retrouver le même film en version dématérialisée. Oui mais voilà, c’était sans compter sur les barrières mises en place par les majors. Concrètement, vous devez vous créer un compte par prestataire de service (Flixster pour la plupart / DMA chez Disney, etc.), lier vos comptes, puis entrer le code et profiter de ce qu’on veut bien vous donner. On s’explique par quelques exemples concrets :

2012
Vous achetez le film Dark Knight Rises, la première expérience de disque + code. Vous créez un compte chez Warner en faisant vite car il y a une date de péremption. Puis vous le liez à votre compte Flixster. Vous rentrez le code et là… le film est uniquement en français, sans sous-titres (ni même malentendants) et en basse qualité. De plus, un petit texte vous informe que vous pouvez le streamer sans problème mais pas sur tous les supports et si vous voulez le télécharger (par exemple pour en profiter dans l’avion), la limite est fixée à 5 fois par film, pas plus ! Et si vous êtes sur un mac, passez votre chemin. En sachant que des sites proposent de le télécharger en HD dans plusieurs langues en 3-4 clics, ça n’incite pas à rester dans la légalité. On était alors en 2012, c’est sans doute mieux maintenant non?

2015
vous achetez The Hobbit lors d’un voyage en Angleterre, par exemple. Quelques semaines plus tard, à la maison, vous rentrez le fameux code. C’est alors qu’un message apparaît disant en substance “Non merci, ce code est valable en Angleterre et en Irlande, pas chez vous”. Bon, merci de la précision. Il a donc fallu faire croire à l’ordinateur qu’il était en Angleterre pour noter le sésame et que le film soit ajouté à votre bibliothèque. Pourquoi une telle barrière digne de l’entrée en Mordor ? Mystère.

2016
Vous achetez le film Her. Nouveau code, nouveau compte à créer. Cette fois tout se passe bien, sauf que le film n’est visible qu’en anglais et en allemand sans sous-titres français. Encore une fois, merci les majors.

Au final
Vous possèdez une bibliothèque Flixster d’une vingtaine de titres, chacun avec sa particularité. Quand l’envie vous prend d’en streamer un sur votre TV, la qualité est mauvaise puisque la HD n’est pas au rendez-vous et l’image ne remplit que 80% de l’écran. Mais voilà, c’est le prix à payer pour avoir son film légalement, et c’est nul, on est d’accord !

 

LA LICENCE GLOBALE

Netflix, Amazon et les autres ont bousculé, aux forceps, nos habitudes. De nombreux acteurs étaient contre l’idée d’un abonnement mensuel. Frank Dusbosc disant par exemple “C’est comme donner 12.- par mois à la boulangerie pour manger autant de baguettes que l’on veut”. Un bon raisonnement mais pas tout à fait exact. Avec la licence global, le boulanger créé une baguette et les utilisateurs se la partagent. Une petite nuance mais qui a son importance.

Clairement, c’est le modèle qui va rester pérenne dans les années à venir. Un accès sur toutes les plateformes et TV connectées, un téléchargement en local sur son appareil (pour une partie du catalogue, mais on va dans le bon sens), une bonne qualité d’image, des langues et des sous-titres. Des tarifs apparement bien négociés pour tout le monde grâce à une force de frappe mondiale.

En cherchant, on trouve quand même quelques défauts. Chez nous, en Suisse, les droits sont négociés en fonction des régions linguistiques. En ce moment sur Netflix, vous ne trouvez pas la série « Sherlock« . Faites l’expérience et changez la langue dans les paramètres de votre compte pour passer à l’anglais. Vous trouverez maintenant « Sherlock » en allemand et anglais avec sous-titres allemand. Pas si “élémentaire mon cher Watson” (désolé pour cette blague aussi facile qu’inutile).

Notons aussi les dates de disponibilité. Si les séries “maisons” sont disponibles en même temps partout dans le monde, c’est plus délicat pour certains films. “Life on the road”, la comédie de Ricky Gervais est sortie en salles en Angleterre, Irlande, Australie et Nouvelle-Zélande. Netflix a ensuite acheté les droits pour le monde entier sauf ces 4 pays. Idem pour la prochaine série « Star Trek« , partout dans le monde sur Netflix sauf aux USA où CBS, qui la produit, proposera celle-ci dans son propre service en ligne. On va donc vers une multiplication des services de VOD. Espérons que ces nouveaux acteurs ne vont pas nous prendre en otage, par exemple en proposant les saisons 1 et 2 d’une série sur Amazon et les saisons 3 et 4 sur Netflix.

 

QUELQUES PISTES D’AMÉLIORATIONS

C’est une chose de critiquer, c’en est une autre de proposer. Pour l’interopérabilité des services comme iTunes et Google, le match semble fait : chacun va camper sur ses positions.

Pour les autres, il serait très simple d’offrir une solution standardisée et internationale, et surtout laisser l’utilisateur gérer ses téléchargements et accès comme il le souhaite. Le temps où il fallait être un as du web pour télécharger illégalement un contenu est révolu depuis longtemps. Certains acteurs comme Vodkaster ont aussi tenté de lancer un service qui numérise les DVD, sans succès. Dommage, l’idée était louable. Si votre DVDthèque prend la poussière, un service pourrait, contre un petit prix, proposé de remplacer les disques par une version numérique.

Enfin, si vous aimez bénéficier de plusieurs langues et sous-titres, tous ces services devraient ouvrir les robinets, en imaginant des fichiers qui se mettent à jour au fur et à mesure des sorties dans le monde. Concrètement, si l’on achète un film aux USA le jour de sa sortie, il est normal que la seule langue disponible soit l’anglais. Puis, ce même film sortira en Allemagne, en France, en Suisse, au Portugal, etc. Les majors pourraient alors facilement ajouter les langues et ainsi proposer un produit uniforme.

À cela devrait s’ajouter une option de gestion de langues et de sous-titres dans les préférences des services. C’est simple à mettre en place, ne coûte rien de plus et ça évitera pas mal de désagréments. Tant que ces petites choses ne seront pas faites, le téléchargement illégal aura encore de beaux jours devant lui, tant pis pour les majors.

Au final, gardons en tête qu’il y a des choses plus graves dans le monde, mais que dans cette histoire, on a oublié le point le plus important lors de l’achat d’un produit culturel: vous, nous… le client.

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