C’est dans un café Lausannois que nous rencontrons Benjamin Décosterd. Jeune homme dynamique, il s’est lancé en tant qu’indépendant dans le domaine de la communication depuis le début de l’année et travaille aujourd’hui sur différents mandats.
Son bureau est son ordinateur et son inspiration est tirée des gens qu’il rencontre jour après jour, grâce à son métier. Dans l’interview qui va suivre, vous allez découvrir quelques facettes de son rôle de communicant et de passeur d’informations.
« On devrait tourner notre pouce sept fois autour de notre smartphone avant de poster quelque chose »
Socialize Magazine | Benjamin, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Benjamin Décosterd | Je travaille dans la communication en tant qu’indépendant et avec trois domaines d’activité principaux. Si l’on va du plus général au particulier, il y a tout d’abord la vision stratégique de la communication, c’est-à-dire aider des entreprises ou des manifestations à préciser leurs objectifs de communication et les moyens à mettre en place pour les atteindre. Cela peut aussi aller jusqu’à l’opérationnel, c’est-à-dire la mise en place concrète des mesures et le suivi. Ensuite, j’ai deux autres activités qui sont plus pointues. Je fais de la rédaction de contenu en accompagnant les entreprises dans la publication de contenus sur leur site web et leur blog. Enfin, le dernier volet de mon activité, mais le plus important tout de même, ce sont les relations publiques, c’est-à-dire mettre en lien des personnes avec des journalistes.
Quel est ton parcours professionnel jusqu’ici et qu’est-ce qui t’a amené à faire de la communication ?
Mon parcours professionnel est un peu compliqué à décrire : je ne viens pas du tout du domaine de la communication à la base. J’ai fait une maturité gymnasiale et tout indiquait que je devais aller ensuite à l’université (mes parents, mon environnement et ma facilité à étudier), mais je n’avais pas envie de suivre cette voie. Je voulais faire du théâtre. Donc, j’ai trouvé un job alimentaire à l’office du tourisme et j’ai fait quelques projets de théâtre. J’ai notamment commencé à écrire à ce moment-là, car j’ai réalisé que plus que jouer, j’aimais écrire.
Malheureusement, j’avais de la peine à trouver comment en vivre et j’ai fait le point : en mettant en lien toutes mes différentes expériences, j’ai réalisé la gestion de projet, la rédaction et la communication ressortaient toujours. Je me suis donc inscrit au SAWI et j’ai trouvé un job en parallèle dans une agence de communication. Au bout de quelques mois, j’ai également pris quelques mandats à côté de mon travail et de mes études, et à la fin de l’année 2016, j’ai décidé de me lancer en tant qu’indépendant.
Quelles sont les différentes tâches que tu effectues dans le cadre de ton travail, lorsque l’on te confie un mandat par exemple ?
Si l’on prend l’exemple des mandats que l’on me confie le plus fréquemment, c’est-à-dire dans le domaine des relations publiques, toute une partie de mon travail consiste à discuter avec le client de ce qu’il attend, de ce qu’il a à dire dans les médias, de l’angle à utiliser, etc. Ensuite, je rédige un communiqué de presse, que je fais valider par le client puis le communique aux journalistes. Mon rôle ici est celui d’un passeur. Je transforme une information commerciale en début d’information journalistique. J’amène l’information aux journalistes et si l’un d’entre eux est intéressé, je fais le lien. Je fixe aussi des rendez-vous pour des interviews entre mes clients et les médias.
As-tu une journée type ?
Non, pas du tout. C’est bien pour cela que j’ai choisi d’être indépendant. Je n’aime pas vraiment la routine. Par contre, j’ai des moments types que je prévois quand je dois envoyer des communiqués de presse par exemple. Je le fais presque toujours au même moment dans la semaine car ce sont des choses qui nécessitent d’être cadrées. Mais sinon, j’ai des horaires assez irréguliers, d’autant plus que je travaille chez moi ou ailleurs. Mon bureau étant mon ordinateur, je peux travailler où je veux.
Quels sont les enjeux des entreprises aujourd’hui dans leur communication sur le web et les réseaux sociaux ?
A mon avis, il y a deux éléments à prendre en compte. Le premier est de donner du sens. Certaines boîtes considèrent que les réseaux sociaux représentent l’avenir et elles savent que c’est bien d’avoir une page Facebook, mais elles ne mettent rien dessus… Ce problème vient du fait qu’elles ne savent pas vraiment pourquoi elles doivent avoir une page Facebook. Si cette démarche avait un sens pour elles, leur communication en serait nettement améliorée. Le deuxième enjeu est de réussir à prendre le virage de la transformation digitale. Nos modes de consommation ont changé. Bientôt, certaines enseignes vont devoir s’interroger sur l’utilité d’avoir un magasin physique traditionnel au lieu de l’utiliser pour vendre ensuite sur le net, par exemple.
Est-ce que ces enjeux développent des peurs pour les entreprises ?
En ce qui concerne la communication des entreprises et leur besoin de trouver du sens à l’utilisation de nouveaux canaux, oui, je pense qu’il y a une certaine peur. C’est en partie pour cela qu’ils viennent me voir. Elles ne se rendent pas toujours compte que la communication n’est pas un hobby mais demande de véritables compétences. Il y a des règles à suivre et cela demande de la rigueur. En ce qui concerne la transformation digitale, on est loin d’une prise de conscience de l’ampleur du phénomène.
Au niveau plus pratique, comment mets-tu en place une stratégie de communication pour une entreprise ?
Si l’on devait dégager des étapes lors de la mise en place d’une stratégie de communication, je dirais que la première est de rechercher de l’information. Il faut comprendre comment l’entreprise fonctionne et quel est son contexte interne et externe. Ce sont ces informations qui vont nous permettre de savoir ce que le client attend et ce dont il y a besoin exactement. Ensuite, il faut créer une stratégie de communication. Cela doit se faire avec le client. Le savoir est de son côté. Ensuite, les règles de bases sont sensiblement les mêmes. Il faut déterminer quels moyens nous avons à disposition, quelle est la temporalité pour le déroulement de cette stratégie, quelle zone géographique on touche, quels sont les publics-cible et les messages que l’on veut faire passer. Une fois cela fait, il faut choisir la forme du message et par quels médiums il sera transmis. Pour finir, il faut bien sûr faire un bilan de la démarche et l’évaluer.
Selon ton expérience, quelle est la bonne méthode pour créer une communauté sur les réseaux sociaux ?
Je ne sais pas s’il existe une bonne méthode. A mon sens, cela dépend vraiment de ce que tu communiques et il faut garder en tête qu’une communauté doit être animée. Il faut donner aux gens l’envie de faire partie de cette communauté et trouver des passerelles concrètes avec la réalité, en existant aussi en dehors des réseaux sociaux. Ce que l’on peut observer en communication, c’est que d’un côté, il est possible de cibler les gens ou leurs activités sur le net très précisément grâce à de la data. Mais ce que l’on observe aussi, c’est que la plupart des gens, maintenant, mettent des Adblocker sur leur ordinateur et ils en ont marre que Google sache avant eux quand ils vont partir en vacances et où ils vont aller. Entre ces deux constats, il faut amener du contenu aux gens, qui reflètera les valeurs de la marque.
Qu’aimes-tu le plus dans ton métier ?
La diversité. Je rencontre plein de gens qui ont des projets parfois très prometteurs, mais qui n’ont pas beaucoup de moyens. Ils veulent changer des choses, améliorer le monde et c’est cette diversité-là qui me plaît beaucoup. J’aime les rencontrer, découvrir et comprendre ce qu’ils font.
Qu’est-ce que tu penses de notre manière de communiquer sur les réseaux sociaux actuellement ?
En matière de communication, je dirais que, parfois, on devrait tourner notre pouce sept fois autour de notre smartphone avant de poster quelque chose. Les gens ne se demandent pas suffisamment si ce qu’ils postent a de l’intérêt. C’est vrai que je ne publie pas non plus toujours des choses intéressantes, mais je pense qu’il est important de se demander si tout est bon à dire. C’est toujours assez effarant de voir à quel point les gens se lâchent dans les commentaires de certains statuts Facebook polémiques, simplement parce qu’ils sont derrière leur écran. Et puis, on ne se rend pas compte de toutes les informations qui sont récoltées par des entreprises pour nous cibler à travers la publicité, et à un moment donné, cela va nous retomber dessus. Heureusement, les gens commencent un peu mieux à maîtriser les codes, à ne pas publier certains contenus ou à effacer des photos compromettantes.
Pour terminer, as-tu un projet en cours de réalisation ou que tu imagines réaliser dans les prochains mois ?
Des projets, j’en ai toujours beaucoup, mais il faut que je réussisse à m’investir suffisamment pour les réaliser. J’ai envie de réécrire de la fiction : une pièce de théâtre par exemple. Dernièrement, j’ai fait quelques chroniques à la radio et cela pourrait continuer aussi. Il y a de nombreuses possibilités qui se dessinent. L’avenir nous le dira.
Interview menée par Louise-Anne Thévoz
Etudiante Information Documentaire
Haute école de gestion de Genève